Les nouveaux célibataires
Le célibat, un nouveau mode de vie ? Mais entre ceux qui ont choisi et ceux qui font tout pour en sortir, il y a un monde. D’où viennent ces nouveaux célibataires ? La notion de couple est-elle menacée ? Jean-Claude Bologne vient de publier "Histoire du Célibat et des célibataires". Il dresse un constat des nouveaux jeux amoureux.
Doctissimo : Qui est le célibataire aujourd’hui ?
Jean-Claude Bologne : D’abord, il faut s’entendre sur la définition de célibataire. Au sens officiel du terme, c’est quelqu’un qui n’a jamais connu le mariage. Mais cette définition est trop réductrice. Il faut donc considérer le mode de vie plutôt que l’état civil. On peut alors distinguer plusieurs cas de figure. Ainsi, le célibat prolongé, celui des jeunes qui reculent le plus possible le moment de se mettre en couple. C’est le cas de jeunes cadres qui privilégient leur carrière et songent à la vie sentimentale à partir de 30 ans. Et il ne s’agit pas uniquement des hommes : beaucoup de femmes font passer leur vie professionnelle avant l’établissement en couple. Il y a également l’étudiant qui passe ses journées en cours et ses soirées sur Internet, et qui ne songe à l’amour que le week-end. C'est ce qu'on appelle traditionnellement le célibat temporaire, celui de l'étudiant en âge de se marier vivant chez ses parents.
Puis il y a ce que j'appellerai le célibat transitoire, où alternent des périodes de solitude et de vie commune. Ainsi, nombre de célibataires, au sens large, ont connu la vie à deux et n’ont pas envie de la retrouver dans l’immédiat. Ils cherchent à profiter un certain temps de leur liberté retrouvée. Certes, le plus souvent ils souhaitent que cette période soit transitoire, mais au bout d’un certain temps, il est parfois difficile de recommencer une aventure… On arrive alors au célibat définitif...
Ces groupes forment ce qu’on appelle les “solo” : les célibataires, les veufs, les divorcés vivant seuls ou avec leurs enfants. Le phénomène nouveau est sans doute l'extension de ce célibat transitoire, dû à la fragilité du couple aujourd’hui.
Doctissimo : Est-il plus difficile aujourd’hui de rencontrer l’âme soeur ?
Jean-Claude Bologne : Non, bien au contraire ! Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de possibilités de rencontre qu’il y a 50 ans. D’ailleurs de nombreuses formes de célibat sont en régression. Ainsi, les "vieilles filles" sont nettement moins nombreuses qu'il y a un siècle et demi. Mais si les occasions de rencontre se sont multipliées, la spontanéité a pu en souffrir : le degré d’exigence est très élevé et la barre placée de plus en plus haut. On recherche l’homme ou la femme idéal(e) et l’on rate des histoires d’amour simples.
Autre évolution, la disparition des intermédiaires conjugaux, qu'il s'agisse des parents ou de "marieurs" professionnels. Cela entraîne une plus grande liberté, et une promotion de l'amour au sein du couple, mais lorsqu'il faut s'engager dans la durée, les jeunes hésitent davantage. D’ailleurs, la vie de couple n’est plus forcément synonyme de mariage. Outre les unions alternatives (concubinage, pacs), il peut y avoir des aventures durables sans cohabitation. Si le nombre d’unions devant le maire est effectivement en baisse, le nombre de couples ne diminue pas ! Si l'on prend le recul de l'histoire, on peut parler de crise de mariage en termes quantitatifs, mais sûrement pas en termes qualitatifs. C'est parce qu'on devient exigeant sur la qualité de la relation que les mariages sont moins fréquents, et plus fragiles. Il ne faut pas oublier qu’en union libre, la séparation est plus aisée : il faut donc séduire en permanence son partenaire, pour être sûr de le conserver ! Ne concluons donc pas trop vite à une crise du couple face à l'augmentation du célibat.
Doctissimo : Hommes et femmes sont-ils logés à la même enseigne face au célibat ?
Jean-Claude Bologne : Les femmes ont longtemps été plus nombreuses parmi les célibataires, à l'âge où il est "normal" d'être marié. Aujourd’hui, ce sont les hommes qui sont plus souvent seuls. Il y a de nombreuses explications à cela. D’abord, une simple règle mathématique : les hommes se mettent en couple plus tard (à 30,5 ans contre 28,5 chez les femmes). Il y a donc statistiquement plus d’hommes célibataires.
http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/amour/8156-nouveaux-celibataires-bologne-itw.htm