Le Bon Goût du Célibat
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Hélène
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MessageSujet: Les nouveaux célibataires/Nouvel Obs/avril 2004   Les nouveaux célibataires/Nouvel Obs/avril 2004 EmptyLun 3 Jan 2005 - 3:18

Nouvel Observateur

Semaine du jeudi 29 avril 2004 - n°2060 - Dossier

Ils inventent d’autres façons de vivre ensemble


Les nouveaux célibataires

Quand un adulte sur trois est une «personne seule», c’est toute la société qui en est changée. Les mariages à durée limitée favorisent le passage de plus en plus fréquent par la vie «à un». Mais pas seulement. L’indépendance devient-elle une valeur sûre? La bande d’amis, le nouveau cocon ? La rencontre brève et l’union lâche, le nouvel horizon de la relation? Enquête de Marie Lemonnier et de Doan Bui. Avec, pour la première fois, la carte de France des cœurs à prendre


«Vive les célibataires!» «Vive les célibataires?», se répétait tout bas Angélique, songeuse devant le prospectus coincé sous l’essuie-glace de sa Rover. Comment avaient-ils su? Y avait-il marqué «cœur à prendre» sur son front de trentenaire? Un rapide coup d’œil aux voitures garées dans la rue suffit à la rassurer. Le papier jaune et noir couvrait la plupart des pare-brise alentour. Ouf! Angélique se remit à respirer. Sa crise de paranoïa vaincue, la jeune femme continuait pourtant à ruminer la publicité du club parisien Eurofit. «Vive les célibataires…», y avait-il vraiment de quoi se réjouir? Et, sans s’en féliciter, fallait-il à l’inverse en avoir honte? «Ce jour-là, raconte cette décoratrice de 32ans, j’ai réalisé que j’avais inconsciemment intégré les vieux préjugés sociaux sur ceux qui ne sont pas dans la norme, c’est-à-dire en couple, et que j’en souffrais. Depuis, j’ai décidé d’assumer mon passage dans le célibat, je me suis octroyé le droit d’être heureuse, seule.»


14 millions de solitaires : près d’un adulte sur trois

Depuis deux ans, avec la vogue du speed dating, la banalisation des rencontres par internet et la multiplication des produits marketing à leur intention, les «solistes» sont placés sous les feux des projecteurs médiatiques. Fini le temps des bernard-l’ermite! Les Bachelors, bachelorettes et autres célibataires s’affichent à la télévision dans des «Tournez manège» modernes en quête d’une âme sœur cathodique. Les Bridget Jones, Mr. Commitment et Ally McBeal se clonent à l’infini, en films, en séries ou en livres préformatés. Le 13février se rebaptise effrontément fête des Célibataires et rivalise avec la Saint-Valentin, jour maudit de tous les oubliés de Cupidon! Des néomanifestants arborent un badge «single» à marguerite lors de flashlove improvisées par le site de rencontres Meetic, sur le modèle des flashmob, ces mobilisations éclair qui nous viennent d’outre-Atlantique. Même le magazine «Cosmopolitan» titre, dans son numéro d’avril 2004, «Chic, il m’a plaquée! Un de perdu, moi de retrouvée».

«Tout est fait aujourd’hui pour rendre possible la vie en célibataire. Même l’idéologie y est favorable», relève le psychanalyste Alain Valtier dans un essai au titre évocateur, «la Solitude à deux» (Odile Jacob, 2003). De quoi inspirer un peu de modestie aux couples qui tiennent à tout prix à démontrer au moindre solo venu que, «la vie à deux, c’est mieux». Bref, le célibataire, porteur des valeurs d’indépendance, de liberté et de jeunesse tant exaltées par la «société de l’individu», ne s’est jamais autant affirmé. Mieux, il invente de nouvelles façons de vivre ensemble. Mais si les solos ne longent plus forcément les murs tête baissée et regard en biais, c’est surtout parce que leur proportion ne cesse d’enfler. La solitaire Angélique est loin d’être un cas isolé. Elle appartient à cette catégorie émergente des JJMS («jeunes jolies mais seules»), ces trentenaires actives et cultivées, autonomes et exigeantes qui effarouchent nos garçons. En tout, ils sont désormais près de 14millions – soit déjà 5millions de plus qu’en 1999! –, célibataires, veufs, divorcés, séparés ou monoparents, à vivre en solo.
Une véritable épidémie dans les grandes villes, observent les psys, érigés confidents des solitudes contemporaines. Une révolution, confirment les sociologues, qui ont vu leur nombre doubler en moins de trente années. Au point que certains s’inquiètent de l’avenir du couple et, in fine, rien de moins que du destin de notre civilisation! Car les solos d’aujourd’hui pourraient bien constituer l’avant-garde d’un mouvement irrépressible qui est déjà en train de bouleverser à grande vitesse nos modèles sociaux, amoureux et familiaux.
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Hélène
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MessageSujet: Le souffle de l’indépendance (page 2)   Les nouveaux célibataires/Nouvel Obs/avril 2004 EmptyLun 3 Jan 2005 - 3:19

Le souffle de l’indépendance

Sous nos yeux, à travers cette prolifération de vies à un, se construit un «nouvel ordre sentimental», comme l’appelle la sociologue de la famille Bernadette Bawin-Legros (1), même s’il est encore vécu comme un «désordre sentimental».

La libération des mœurs a promu le féminisme, le bonheur individuel, la réalisation de soi, et placé le sujet au centre des préoccupations sociales, au détriment de la famille et du couple. Nous sommes entrés dans une ère de «déification de l’indépendance», constate le psychiatre Gérard Apfeldorfer («les Relations durables», Odile Jacob, 2003). Au début de l’âge adulte, hommes et femmes enfin émancipés, délestés de l’obligation conjugale, privilégient leurs études, leur carrière professionnelle et retardent d’autant la construction d’une vie affective durable. A l’autre extrémité, l’existence s’allonge, multipliant les occasions de s’inventer de nouvelles histoires, nouvelles unions, nouvelles séparations, nouvelles solitudes. «On a appris la liberté et l’intolérance à la frustration. Cela rend nos vies plus excitantes, plus passionnelles, plus riches, mais ça nous protège aussi beaucoup moins de la solitude», commente le psychiatre François Lelord (2). Résultat: une union sur trois, et une sur deux dans les grandes villes, se conclut par un divorce. L’institutionnalisation du mariage date après tout d’une époque où l’espérance de vie commune n’excédait pas une quinzaine d’années! A l’heure du grand zapping, il n’est pas très étonnant qu’on hésite à signer pour cinquante ans de partage et que les entractes en solitaire se multiplient. Selon les statistiques, au grand jeu de l’amour comme au jeu des chaises musicales, chacun se retrouverait seul au moins une fois dans sa vie.

«Ici Carrie Bradshow. Je vous annonce que je me marie avec moi-même. J’ai déposé une liste de cadeaux chez Manolo Blahnik. Merci!» Dans un épisode de la sixième saison, l’héroïne de «Sex and the City», parangon new-yorkais des solos urbains, réclame sa part de félicité… et d’escarpins hors de prix: marre de la culpabilisation insidieuse, marre des suspicions imbéciles, marre de la compassion inutile! «Le célibat n’est pas toujours une situation d’échec, rappelle justement Jean-Claude Kaufmann, le sociologue devenu porte-parole des solos depuis le succès en 1999 de son ouvrage "la Femme seule et le Prince charmant" (3). La proportion battante et positive des solos se développe. Si on ne peut obtenir un couple qui corresponde à son rêve, pourquoi ne pas rester seul, fidèle à soi-même», et faire de ce temps une parenthèse enchantée? Le célibat érigé en art de vivre existe. Beaucoup l’ont rencontré et vantent la richesse de ses compensations: liberté sexuelle, choix de ses rythmes, concrétisation de ses rêves, petits plaisirs au quotidien, multiplication des rencontres…
«Les solistes ont compris que, si on peut vivre seul, on ne peut pour autant vivre isolé.

Ils ne cherchent plus à construire ou à reconstruire un couple de toute urgence, mais ils se créent plutôt une vie sociale avant de chercher l’âme sœur», observe la psychosociologue Odile Lamourère, conseillère pour célibataires («Célibataire aujourd’hui», Ed. de l’Homme, 2003). «Ce sont les grands animateurs de la ville, confirme Kaufmann. Ils sont bien moins organisés sur leur intérieur que les personnes mariées, alors ils sortent et font la fête.» A eux les bistrots, les restos, les expos, les concerts, les discothèques…

«Mon emploi du temps est une suite d’improvisations. Un coup de fil inattendu, et c’est parti pour une virée entre copains!», se réjouit Fanny, 31ans. «Une véritable vie d’ado! soupire mi-critique mi-envieuse son amie Gaëlle, mariée depuis cinq ans. Elle a toujours vu le dernier film dont tout le monde parle, lu le dernier bouquin qui fait scandale, acheté la paire de bottes à la mode et complété sa cédéthèque des tubes qui passent dans les boîtes branchées. C’est bien simple, je suis larguée!»

Et c’est logique. Grands consommateurs de loisirs et de culture, les solos se rendent deux fois plus souvent au cinéma ou au musée que les couples du même âge, et les femmes célibataires trois fois plus que les mariées! Ils prennent aussi davantage soin de leur corps en investissant les salons de beauté et les salles de gym. Le téléphone toujours à portée de main et l’humour en bandoulière (le kit de survie minimum), ces aventuriers des temps modernes se façonnent des existences où les soirées sont volontiers dédiées aux sorties, les week-ends aux escapades et où, surtout, l’amitié tient le haut du pavé. Parmi les plus jeunes, certains la jouent «Friends» et se regroupent en colocation, les monoparents s’organisent en réseau d’entraide, les divorcés s’inscrivent dans des clubs de loisirs…

Si bien qu’«il n’est plus très rare d’avoir des relations amicales qui sont de bien plus longue durée que nos vies de couple, ajoute Gérard Apfeldorfer. Les bandes de copains remplacent des relations affectives qui paraissent trop complexes». En célibattante accomplie, Isabella, 46ans, a même entrepris de lutter collectivement contre la déprime du 24décembre. «Depuis trois ans, j’invite tous mes amis célibataires à venir fêter ensemble notre aimé et redouté Noël.» Chacun amène un cadeau symbolique accompagné d’un petit mot de bonheur et, à minuit, c’est la distribution par tirage au sort. «Pour un soir, nous formons une grande famille.»

Divorcé, la cinquantaine, Gilles s’est lui aussi trouvé une famille. Presque tous les soirs il se rend à son QG, le centre Eurofit du 9e arrondissement de Paris, un club de loisirs qui compte 3500adhérents au cœur libre (4). Ce jeudi-là, c’est dîner-cabaret. Ambiance salle des fêtes et bonne franquette. Moyenne d’âge: de 35 à 60ans. «Je suis venu après mon divorce pour rompre avec la solitude. Je me suis tellement lié avec les autres célibataires que je ne peux plus m’en passer. J’ai même déménagé à côté!» Et ça fait dix ans que ça dure!

Dix ans aussi qu’il subit le double discours d’une société schizophrène qui vante dans le même temps la conquête de soi par l’autonomie et l’idéal de la vie en couple.
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MessageSujet: Une société schizophrène (page 3)   Les nouveaux célibataires/Nouvel Obs/avril 2004 EmptyLun 3 Jan 2005 - 3:20

Une société schizophrène

Allure stylée, cheveux bruns, lunettes noires et rouge à lèvres vermillon, Muriel, 46ans, est presque agaçante de bonheur. Avec Philippe, 44ans, son compagnon depuis onze mois, ils font figure de «couple témoin» de la soirée glamour organisée par le Love Connection Café (loveconnectioncafe.com), une enseigne ouverte en 2002 qui combine site internet et restaurant destinés à la rencontre. Elle se définit comme une «ex-vraie célibataire». Vingt années passées sur les routes pour son métier de commerciale, vingt années de solitude «parfaitement comblée». Jusqu’au jour où. «J’étais au cinéma et tout à coup j’ai éclaté de rire. J’ai regardé mes voisins, j’avais envie de dire ce que je trouvais si drôle et puis je me suis sentie con.» C’est la prise de conscience. Brutale, douloureuse.

Muriel avait envie de partager ses émotions, son temps libre, sa vie en fin de compte. Voilà que son alliée de toujours, la solitude, devenait sa pire ennemie. Sa légèreté d’être, un vertige. Sa liberté infinie, un précipice.
Plus crue, Anna ironise sur son sort: «C’est merveilleux cette aventure du célibat, seulement les liaisons sans lendemain et le godemiché, même siglé Rykiel, ça a ses limites!» A 37ans, la jeune femme qui dit aussi avoir «fait le tour de son nombril» est lasse des nuits en diagonale dans son lit king size. Victime des chauds et froids affectifs, elle a le «spleen des solitaires».
«Le problème avec le célibat, reconnaît Jean-Claude Kaufmann, c’est qu’il y a toujours un moment de griserie suivi d’un coup de déprime dû à l’absence de l’autre.» On veut bien chanter les joies de la liberté, mais surtout pas renoncer à ses rêves d’union parfaite. Car on ne décide jamais complètement de venir élargir le cercle des solos. Et encore moins de passer sa vie entière sans compagnon. On estime à moins de 2% la part de ceux qui font ce choix délibérément et à moins de 4% celle des hommes qui naviguent tout au long de l’existence en capitaine solitaire (5).

C’est plutôt emportées par ce grand mouvement d’autonomisation que les destinées individuelles se dessinent au gré des rencontres et des rendez-vous manqués, des unions et des échecs, des attentes et des désillusions. Pour Valérie, 35ans, somatothérapeute et maman d’une fillette de 9ans, l’entrée dans la solitude a commencé par un divorce. Célibataire déclarée «heureuse», elle confesse «une petite ombre au tableau»: «Et si je vieillis longtemps comme ça? Au-delà de 40ans, ça fait peur.» Le bonheur présent ne garantit pas de l’avenir, et, par définition, les parenthèses sont faites pour être refermées.

L’état célibataire est ainsi fondé sur une contradiction. «Deux identités cohabitent en soi, explique encore le sociologue. L’identité célibataire, qui assume ce mode de vie, et l’identité "je suis célibataire parce que je ne suis pas en couple, donc j’ai un manque". Et on passe sans cesse de l’une à l’autre.» A partir de là, les solos s’autorisent tous les paradoxes: ils voudraient bien s’arracher de leur situation, mais tiennent à leur indépendance comme à la prunelle de leurs yeux; voler en duo, mais rester strictement les mêmes quand l’amour commande de faire peau neuve; douter de leurs propres capacités de séduction, mais avoir des prétentions très élevées pour l’autre; partager, mais surtout pas s’aliéner; prendre sans être pris… Et au bout du compte, tiraillés entre leurs désirs inconciliables, ils passent du rire aux larmes, alternent angoisse et allégresse. C’est «la valse hésitation des uns et des autres, entre la jouissance de son indépendance et le désir de faire couple»,note Gérard Apfeldorfer.

Avec ses nombreux amis, Isabella, notre organisatrice du Noël des célibataires, a formé un cercle de réflexion pour tenter de résoudre cette énigme des solos. Thème de la soirée du 6mars: «Les demandes et les attentes des hommes et des femmes». Bilan des desiderata: «La sincérité, indispensable préalable à la confiance, mais aussi de l’amour vrai, de l’humour, de la spiritualité, une certaine complétude, du charme, du sexe, de la fidélité, de l’intelligence, de la tendresse, des bébés, de la passion, des surprises (bonnes), des petits plats (bons), de l’imagination, de la beauté, la capacité à faire oublier les ex, des femmes fatales pour certains, des machos pour certaines…» Mesdames et messieurs Parfaits, montrez-vous, la compétition est ouverte. Et le chrono tourne…
Puisqu’il faut bien compter avec cette maudite horloge biologique, sorte de bombe à retardement placée par on ne sait quelle nature terroriste, qui pénalise les femmes désireuses d’enfants. Maintenant qu’elle se sent enfin «prête à fonder une famille», Anna a l’impression de se réveiller au beau milieu du désert de Gobi. «Les Princes charmants ont tous levé le camp!»

Dans une société où s’est développée une grande méfiance intersexe, les femmes courent après des hommes qui se mettent à courir de plus en plus vite! Surtout qu’en dépit des efforts redoublés de Demi Moore et de Macha Méril pour inverser la tendance, aux dames de leur âge ils préfèrent toujours les jeunes tendrons. Ajoutez à cela la loi sociale qui établit que plus une femme est diplômée, plus elle a de chances de se retrouver seule, vous obtenez la quadrature du cercle.

Et surtout une tripotée de cœurs bouillonnants, prêts à s’abandonner au grand supermarché de la rencontre. Quitte à se transformer en d’affreux consuméristes comparatistes. Leur liste de 1000critères en poche, ils définissent le produit à valeur ajoutée. Etudient 3000profils électroniques, se jaugent dans des soirées où l’on se dit qu’on y vient «juste s’amuser» quand la tension est palpable dans tous les regards. Et puis ils éliminent à défaut de choisir: «Trop petit, trop grand, trop gros, trop timide…» Pas question non plus de brader son bonheur. «Ce sera le grand amour ou rien!», persiste à dire Sarah, tout en épinglant sa photo au «mur des rencontres» des Galeries-Lafayette, au milieu de centaines de célibataires (de premier choix) venus assister à la soirée que leur avait concoctée le grand magasin le 12février dernier. Le nez plaqué au réel, les solitaires se bercent encore en rêve de romantisme et d’absolu.


Un laboratoire de la vie à deux

Alors, des révolutionnaires de pacotilles nos solos? Le sacro-saint couple a-t-il sérieusement à craindre d’un escadron de Madame Bovary assoiffées de passion? «Si ce n’était cette extraordinaire mobilisation autour de l’enfant, le nouveau petit dieu de la société, la norme aurait déjà basculé, affirme tout net Jean-Claude Kaufmann. L’irrésistible essor des trajectoires de vie en solo débouche sur l’invention de nouvelles formes souples de conjugalité, avec des séquences alternées de vie à deux et de célibat.» En s’ingéniant à mettre au point les règles d’un partenariat limité, les solos sont effectivement porteurs de contre-modèles. Les adeptes du «chacun chez soi» ou du «un week-end sur deux» l’attestent (voir encadré). On pourra bien sûr s’étonner qu’au même instant couple et famille soient des valeurs en hausse. Mais c’est justement parce que tout l’édifice est branlant que nous nous accrochons comme des désespérés à nos vieux archétypes. A cette époque charnière, les gens mariés et heureux sont peut-être les nouveaux héros de la société. «Bientôt, prédit François Lelord, on les regardera comme les pandas de la vie amoureuse, une espèce en voie d’extinction.»

Marie Lemonnier

(1) «Le Nouvel Ordre sentimental», Payot, 2003.
(2) «Ulik au pays du désordre amoureux», Oh Editions, 2003. Du même auteur avec Christophe André «l’Estime de soi», Odile Jacob.
(3) Nathan, 1999. Dernier ouvrage paru: «l’Invention de soi», Armand Colin, 2004.
(4) eurofit-club.fr (01-53-10-20-00).
(5) Source: Jean-Claude Kaufmann.

En chiffres
7,4millions de personnes seules.
2,5millions de veufs.
1,1million de divorcés.
1,8million de monoparents.

Marie Lemonnier

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